Le Paradigme des Groupes Minimaux de Tajfel et Turner
Le paradigme des groupes minimaux, une théorie mise en avant par Tajfel et Turner en 1971, aborde les critères essentiels pour déclencher des comportements intergroupes. Dans ce paradigme l’absence de préjugés et d’interactions entre les membres d’un groupe sont les conditions minimales nécessaires. Cela permet une séparation nette entre l’endogroupe (groupe interne) et l’exogroupe (groupe externe).
Stratégies de la Matrice de Tajfel
Le protocole du paradigme propose une matrice, nommée matrice de Tajfel. Cette matrice expose les stratégies pour l’attribution de points entre l’endogroupe et l’exogroupe. Ces stratégies sont :
- La stratégie de Parité : distribution équilibrée des points entre les groupes.
- La stratégie de Bénéfice conjoint maximal : distribution maximale des points à la fois à l’endogroupe et à l’exogroupe.
- La stratégie de Bénéfice endogroupe maximal : distribution maximale des points uniquement à l’endogroupe, sans tenir compte de l’exogroupe.
- La stratégie de Différenciation maximale : maximisation de la différence de points entre l’endogroupe et l’exogroupe, sans chercher à maximiser le bénéfice pour l’endogroupe.
Discrimination et Biais Pro-Endogroupe
La simple attribution d’un individu à un groupe peut entraîner de la discrimination, comme l’illustre la stratégie de différenciation maximale. Cette discrimination est motivée par le biais pro-endogroupe, qui se manifeste lorsque l’individu privilégie son endogroupe en lui accordant un traitement et une évaluation supérieurs par rapport à l’exogroupe. Ce biais répond au besoin intrinsèque de l’individu de construire et de préserver une identité distincte et positive comparée à celle d’autrui. Le biais pro-endogroupe se révèle dès que l’individu perçoit son appartenance à un groupe et que des comparaisons avec d’autres groupes sont possibles et considérées comme pertinentes.
Statut Social et Comportement Intergroupe
Les conditions du paradigme de Tafjel sont exceptionnel, dans la réalité il existe plus souvent une relation asymétrique entre les groupes de types dominants/ dominé ou Supérieur/Inférieur cette différence fait d’ailleurs le statut du groupe. Sachdev et Bourhis (1987) ont étudié l’influence du statut social sur le comportement intergroupe et ont montré que la discrimination peut être inversée lorsque le statut social est bas, ce qui indique qu’il existe un biais de favoritisme pro-exogroupe chez les membres des groupes de statut inférieur.
Apports du Paradigme des Groupes Minimaux
Le paradigme des groupes minimaux aide à comprendre la dynamique de la discrimination intergroupe. Cette discrimination peut survenir même en l’absence de préconceptions et d’interactions entre les membres des groupes. Elle montre aussi la tendance à favoriser son propre groupe et à discriminer les autres groupes, même dans des situations minimales.