Erving Goffman, un sociologue américain influent (1922-1982), a apporté une contribution significative à notre compréhension de la stigmatisation. Dans son ouvrage majeur, « Stigma: Notes on the Management of Spoiled Identity » (1963), Goffman définit le stigmate comme un attribut qui discrédite une personne et réduit son statut social. La stigmatisation est un processus dynamique de dévalorisation qui définit une personne uniquement par son stigmate, entraînant discrimination et exclusion. C’est une construction sociale qui influence l’identité sociale, l’identité personnelle et la perception qu’a la personne stigmatisée d’elle-même. Ainsi il faut distinguer stigmatisation et discrimination, la stigmatisation étant un précurseur de la discrimination.
Les 5 Caractéristiques du Stigmate
Selon Goffman, le stigmate se manifeste à travers cinq caractéristiques principales :
- L’attribut : Il s’agit des caractéristiques physiques ou comportementales qui distinguent un groupe stigmatisé des autres groupes.
- Le stéréotype : Ce sont les croyances négatives et nuisibles associées à un groupe stigmatisé.
- L’identité sociale : Il s’agit de la manière dont les individus perçoivent et se perçoivent eux-mêmes en tant que membres d’un groupe stigmatisé.
- La réaction négative : Il s’agit de la discrimination et de la marginalisation subies par les membres d’un groupe stigmatisé.
- La déshumanisation : C’est la tendance à percevoir les membres d’un groupe stigmatisé comme moins humains ou moins dignes que les autres.
Application pratique : le cas Dark VADOR
- L’attribut : Les attributs distinctifs de Dark Vador comprennent sa stature imposante, sa respiration mécanique caractéristique, sa combinaison noire et son masque intimidant. Ces attributs le distinguent nettement des autres.
- Le stéréotype : Dark Vador, en tant que bras droit de l’Empereur et instrument de l’Empire , est souvent associé à des croyances négatives et des stéréotypes malveillants. Il est perçu comme un être impitoyable et dénué de compassion.
- L’identité sociale : Dark Vador se perçoit lui-même et est perçu par les autres en tant que Sith. Cette identité influence non seulement ses actions, mais aussi la manière dont il est perçu par les autres. Il peut se sentir stigmatisé par son identité de Sith, qui est souvent associée à l’égoïsme, à la colère et à la soif de pouvoir.
- La réaction négative : Dark Vador fait l’objet de réactions négatives et de peur de la part de nombreux personnages de l’univers Star Wars, en raison de ses actions et de son allégeance à l’Empire. Ces réactions peuvent se manifester sous forme de discrimination ou de marginalisation.
- La déshumanisation : Dark Vador, en raison de son aspect robotisé et de son comportement impitoyable, est souvent déshumanisé par les autres personnages. Ils le voient comme une menace ou un outil de l’Empire, plutôt que comme un individu ayant autrefois été un Jedi prometteur nommé Anakin Skywalker.
Développement des Caractéristiques : Stéréotypes et Identité Sociale
Le Lien Attribut-Stéréotype
Le lien entre l’attribut et le stéréotype est au cœur de la stigmatisation. L’attribut est la caractéristique physique ou sociale qui différencie un groupe de personnes d’un autre groupe. Le stéréotype est une croyance préconçue et généralisée que les membres d’un groupe possèdent certains traits communs. Les stéréotypes sont souvent négatifs et peuvent être utilisés pour justifier la discrimination ou la marginalisation d’un groupe.
Ces stéréotypes sont souvent basés sur des attributs tels que la race, la religion, l’âge, le sexe, etc. Lorsque ces attributs sont utilisés pour juger les individus, ils peuvent devenir des sources de stigmatisation. Les stéréotypes peuvent également être utilisés pour justifier des comportements discriminatoires et des attitudes négatives envers les personnes qui appartiennent à un groupe stigmatisé.
Illustration des Concepts à travers les Travaux de Pierre Bourdieu, Albert Bandura et Antoine de la Garanderie
Pierre Bourdieu : Reproduction Sociale et Stigmatisation
Pierre Bourdieu a largement étudié la reproduction sociale, c’est-à-dire la manière dont les inégalités sociales sont transmises de génération en génération. Selon Bourdieu, la société est structurée en différents champs (économique, culturel, social, etc.) où les individus luttent pour le capital (économique, culturel, social, symbolique).
Dans ce contexte, la stigmatisation peut être vue comme une forme de violence symbolique, où les individus ou les groupes sont dévalorisés en raison de leurs attributs. Par exemple, dans le champ éducatif, les élèves issus de milieux défavorisés peuvent être stigmatisés en raison de leur manque de capital culturel, ce qui peut affecter leur performance scolaire et leurs perspectives d’avenir. Cela illustre les caractéristiques du stigmate de Goffman : l’attribut (manque de capital culturel), le stéréotype (les élèves défavorisés sont moins performants), l’identité sociale (appartenance à un groupe défavorisé), la réaction négative (discrimination dans le système éducatif) et la déshumanisation (perception des élèves défavorisés comme moins capables).
Albert Bandura : Apprentissage Social et Stigmatisation
Albert Bandura quant à lui à montré que les individus apprennent en observant les comportements des autres. Dans le contexte de la stigmatisation, cette théorie peut expliquer comment les stéréotypes sont appris et perpétués.
Par exemple, si un enfant observe des comportements discriminatoires envers un groupe stigmatisé (par exemple, les personnes âgées), il peut apprendre à associer cet groupe à des attributs négatifs et à reproduire ces comportements discriminatoires. Cela illustre comment la stigmatisation peut être apprise et reproduite, renforçant les stéréotypes et la discrimination.
Antoine de la Garanderie : Les Profils d’Apprentissage et la Stigmatisation
Antoine de la Garanderie qui a développé la théorie des profils d’apprentissage, reconnaît que chaque individu a sa propre manière d’apprendre. Cependant, dans le système éducatif traditionnel, certains modes d’apprentissage peuvent être privilégiés au détriment d’autres, ce qui peut conduire à la stigmatisation des élèves dont le mode d’apprentissage diffère de la norme.
Par exemple, un élève qui apprend mieux par l’écoute que par la lecture peut être stigmatisé dans un environnement scolaire qui privilégie l’apprentissage par la lecture. Cela peut entraîner une réaction négative (discrimination), une déshumanisation (perception de l’élève comme moins capable) et une influence sur l’identité sociale de l’élève (se percevoir comme un mauvais élève).
Ces exemples illustrent comment les travaux de Bourdieu, Bandura et de la Garanderie peuvent être utilisés pour comprendre et illustrer les concepts de stigmatisation de Goffman. Ils soulignent également l’importance de lutter contre la stigmatisation à tous les niveaux de la société pour promouvoir l’égalité et la justice sociale.
#FAQ
Qui est Erving Goffman et quelles sont ses contributions à la sociologie?
Erving Goffman était un sociologue américain influent qui a grandement contribué à notre compréhension de la stigmatisation. Il a défini le stigmate comme un attribut qui discrédite une personne et réduit son statut social. Il a également identifié cinq caractéristiques principales du stigmate : l’attribut, le stéréotype, l’identité sociale, la réaction négative et la déshumanisation.
Qu’est-ce que la stigmatisation?
La stigmatisation est un processus dynamique de dévalorisation qui définit une personne uniquement par son stigmate, entraînant discrimination et exclusion. C’est une construction sociale qui influence l’identité sociale, l’identité personnelle et la perception qu’a la personne stigmatisée d’elle-même.
Quels sont les travaux de Pierre Bourdieu sur la stigmatisation?
Pierre Bourdieu a largement étudié la reproduction sociale, c’est-à-dire la manière dont les inégalités sociales sont transmises de génération en génération. Il a montré comment la stigmatisation peut être vue comme une forme de violence symbolique, où les individus ou les groupes sont dévalorisés en raison de leurs attributs.
Comment la théorie de l’apprentissage social d’Albert Bandura se rapporte-t-elle à la stigmatisation?
La théorie de l’apprentissage social d’Albert Bandura stipule que les individus apprennent en observant les comportements des autres. Dans le contexte de la stigmatisation, cette théorie peut expliquer comment les stéréotypes sont appris et perpétués.
Comment la théorie des profils d’apprentissage d’Antoine de la Garanderie se rapporte-t-elle à la stigmatisation?
Antoine de la Garanderie a développé la théorie des profils d’apprentissage, qui reconnaît que chaque individu a sa propre manière d’apprendre. Il a montré comment certains modes d’apprentissage peuvent être privilégiés au détriment d’autres dans le système éducatif traditionnel, ce qui peut conduire à la stigmatisation des élèves dont le mode d’apprentissage diffère de la norme.