Dans le monde de la psychologie sociale, les notions de catégorisation sociale, de préjugés et de stéréotypes jouent un rôle central dans la façon dont nous comprenons et interagissons avec les autres. Ce sont des outils cognitifs puissants qui nous aident à naviguer dans le monde complexe des relations sociales. En dépit de leur omniprésence, ces concepts peuvent souvent être mal compris ou utilisés de manière interchangeable. Alors, qu’est-ce que la catégorisation sociale, les préjugés et les stéréotypes? Comment interagissent-ils? Et comment influencent-ils nos perceptions et interactions sociales?
Catégorisation sociale, préjugé, stéréotype : Articulation des trois concepts.
La catégorisation sociale
La catégorisation sociale est un processus dynamique par lequel nous classons les individus dans différentes catégories ou groupes. C’est également le résultat de cette classification, c’est-à-dire la catégorie elle-même. C’est comme quand nous classons les films par genres : action, comédie, drame, etc. Le résultat de cette classification est la catégorie elle-même.
La valeur sociale
La valeur sociale est liée à la relation qu’entretient l’individu avec l’objet social. Elle peut être définie comme la signification ou l’importance que l’on attribue à un objet ou à une catégorie sociale spécifique.Certains peuvent préférer les films d’horreur aux films romantiques et inversement.
L’identité sociale
L’identité sociale est un opérateur de la catégorisation sociale. C’est la perception de soi-même en tant que membre d’un groupe social spécifique. Par exemple, se considérer comme un fan de films d’actions
Le rapport social
Le rapport social se réalise dans une catégorisation sociale liée au contexte. Par exemple, la relation entre un professeur et un élève en classe est différente de celle qu’ils entretiennent sur un terrain de football.
Les stéréotypes et les préjugés
La catégorisation sociale crée des stéréotypes (qui reflètent la valeur sociale d’une catégorie) et des préjugés (qui reflètent nos attitudes envers cette catégorie).un stéréotype courant est que les films d’action sont surtout appréciés par les hommes, tandis qu’un préjugé pourrait être une aversion pour les films romantiques.
Les effets de la catégorisation sur les intergroupes
Biais d’accentuation
Le biais de contraste
La catégorisation sociale peut conduire à des biais, comme le biais de contraste qui accentue la différence perçue entre les genres de films. Par exemple, on peut exagérer les différences entre un film d’horreur et un film de science-fiction.
Le biais d’assimilation
C’est un biais qui renforce la ressemblance perçue à l’intérieur d’un même groupe.Par exemple, on peut penser que tous les films d’action sont similaires.
Biais de perception
Le biais d’homogénéité de l’exogroupe
C’est la tendance à percevoir les membres de l’exogroupe (le groupe auquel on n’appartient pas) comme étant plus semblables ou identiques qu’ils ne le sont en réalité. Comme la tendance à voir les films d’un genre que nous n’aimons pas comme étant tous les même
Le biais d’hétérogénéité de l’endogroupe
C’est la tendance à percevoir les membres de l’endogroupe (le groupe auquel on appartient) comme étant plus divers ou différents entre eux.À l’inverse du biais l’homogénéité, le biais d’hétérogénéité de l’endogroupe est la tendance à voir les films de notre genre préféré comme étant tous uniques et différents.
Groupe dominant et groupe dominé
La hiérarchisation sociale des groupes
Selon Lorenzi Cioldi, la plupart des groupes sociaux sont hiérarchisés, avec un groupe « agrégat » (situé en bas de l’échelle sociale) et un groupe « collections » (situé en haut de l’échelle sociale). C’est comme comparer les films indépendants (agrégat) aux blockbusters (collections).
Groupe dominant
Le groupe dominant est le groupe de « collections », composé d’individus ayant chacun leur spécificité et leur identité sociale personnelle.
Groupe dominé
Le groupe dominé est le groupe « agrégat », homogène, indifférencié, absorbé par le collectif. Il a une identité sociale collective.
Intériorisation des perceptions du groupe dominant
Plus un individu est dominé, plus il intériorise les perceptions du groupe dominant. Cela peut s’expliquer par deux approches : cognitive et identitaire.
Approche cognitive
Dans un souci d’économie cognitive, il est plus facile de retenir les traits qui unifient les dominés (moins de variabilité en mémoire) que les collections qui possèdent beaucoup d’exemplaires. Ainsi, même les dominés perçoivent l’exogroupe dominant comme plus hétérogène en vue de s’adapter socialement.
Approche identitaire
L’identité sociale perçue par l’individu est déterminante pour l’homogénéité du groupe. Un membre de la classe dominée s’identifie plus facilement à un autre membre de son groupe, percevant plus d’homogénéité intra-groupe, favorisée par une stratégie de solidarité pour la cohésion de leur groupe. A contrario, un membre de la classe dominante se vit comme une individualité et augmenterait la discrimination de l’exogroupe pour se distinguer et garder une identité sociale positive.
C’est à dire que ceux qui préfèrent les blockbusters peuvent finir par intégrer certaines perceptions de ceux qui préfèrent les films indépendants. Cela peut être expliqué par l’approche cognitive (il est plus facile de se souvenir des traits communs des blockbusters que de la diversité des films indépendants) et l’approche identitaire (un fan de blockbusters peut s’identifier plus facilement à un autre fan de blockbusters).
La catégorisation sociale, les préjugés et les stéréotypes sont des outils cognitifs interconnectés qui influencent la façon dont nous percevons et interagissons avec les autres. En comprenant mieux ces concepts, nous pouvons commencer à remettre en question nos propres préjugés et stéréotypes, et travailler à construire une société plus équitable et inclusive
#FAQ
Qu’est-ce que la catégorisation sociale?
La catégorisation sociale est un processus dynamique qui organise les objets sociaux dans différentes catégories. Il sert aussi à identifier les résultats de cette catégorisation, c’est-à-dire, les catégories elles-mêmes.
Qu’est-ce que la valeur sociale dans le contexte de la catégorisation sociale?
La valeur sociale est liée à la relation qu’un individu entretient avec un objet social. Par exemple, comment un individu perçoit, interagit et évalue un certain groupe social ou une certaine catégorie.
Comment les stéréotypes et les préjugés sont-ils liés à la catégorisation sociale?
La catégorisation sociale peut créer des stéréotypes et des préjugés. Les stéréotypes sont des croyances généralisées sur les caractéristiques d’un groupe (sa valeur sociale), tandis que les préjugés sont des attitudes envers ces groupes.
Qu’est-ce que le biais d’accentuation?
Le biais d’accentuation se réfère à la tendance à exagérer les différences entre différents groupes (biais de contraste) et les similitudes au sein d’un même groupe (biais d’assimilation).
Qu’est-ce que le biais de perception?
Le biais de perception peut prendre deux formes: le biais d’homogénéité de l’exogroupe, où l’on perçoit les membres de l’exogroupe comme étant plus semblables qu’ils ne le sont réellement, et le biais d’hétérogénéité de l’endogroupe, où l’on perçoit les membres de l’endogroupe comme étant plus différents les uns des autres.
Quelle est la différence entre un groupe dominant et un groupe dominé?
Un groupe dominant, ou groupe collection, est composé d’individus qui ont chacun leurs spécificités et leur identité sociale personnelle. Un groupe dominé, ou groupe agrégat, est perçu comme homogène et indifférencié, avec une identité sociale collective.
Quelles sont les approches cognitives et identitaires dans le contexte des groupes dominants et dominés?
L’approche cognitive indique qu’il est plus facile de se souvenir des traits qui unifient les dominés que ceux des dominants, en raison d’une économie cognitive. L’approche identitaire propose que l’identité sociale perçue par l’individu est déterminante pour l’homogénéité du groupe.