Le film « Le Gendarme de Saint-Tropez » est bien plus qu’une simple comédie ; c’est un microcosme de la communication humaine. Les interactions entre les personnages, les malentendus hilarants et les quiproquos nous offrent une occasion unique d’explorer les axiomes de la communication de l’école de Palo Alto. La conversation n’est pas un simple échange d’informations.Comme le disent si bien Anzieu et Martin (1968), « Dans la communication, entrent en contact, non pas une « boite noire » émettrice et une « boîte noire » réceptrice mais un « locuteur » et un « allocuté ». Cette citation nous rappelle que la communication n’est pas juste un échange d’informations, mais un échange riche de signes, de symboles et d’émotions. Comme le souligne Allport (1954), notre interaction sociale n’est pas uniquement basée sur nos paroles et nos gestes, mais est aussi profondément influencée par la présence imaginaire, implicite ou explicite des autres. En se penchant sur cette idée, nous rencontrons l’école de Palo Alto et ses axiomes de la communication, qui nous offrent une perspective systémique pour comprendre la communication humaine. Allons plus loin dans cette exploration et examinons ces cinq axiomes.
Les Cinq Axiomes de la Communication
1. L’impossibilité de ne pas communiquer
C’est la base de tout : même en silence, nous communiquons. L’absence de réponse, le silence, sont tous des formes de communication. La communication est un processus constant et inévitable. L’expression constamment agitée du personnage de Louis de Funès, le maréchal des logis Cruchot. Son visage expressif communique sans cesse ses émotions, même quand il ne parle pas.
2. Les deux niveaux de communication : Contenu et Relation
Dans chaque échange, il y a deux niveaux de communication. Le contenu fait référence aux mots et aux informations transmis, tandis que la relation se rapporte à la façon dont ces informations sont délivrées et interprétées. Ce dernier niveau, la relation, donne naissance à ce que nous appelons la métacommunication. En prenant en compte ces deux niveaux, nous pouvons mieux comprendre comment les informations sont utilisées dans les interactions sociales. Cruchot et ses subordonnés sont un exemple parfait de la distinction entre le contenu et la relation. Le contenu peut être un ordre direct, mais la manière dont il est donné et reçu (la relation) est souvent définie par leur relation hiérarchique ( Oui chef !)
3. La ponctuation des séquences de communication
La façon dont les échanges verbaux et non verbaux sont organisés au sein d’une interaction est ce que l’on appelle la ponctuation. Les pauses, les intonations vocales, les expressions faciales sont tous des éléments qui ponctuent la communication. La ponctuation aide à guider l’attention des participants et à indiquer comment l’information doit être interprétée. Les pauses comiques, les cris exaspérés de Louis de Funès, et les expressions faciales de tous les personnages sont des exemples de ponctuation dans la communication. Elles orientent l’attention et guident l’interprétation de la conversation.
4. Communication digitale et analogique
La communication digitale fait référence à l’information verbale pure, tandis que la communication analogique se rapporte au contexte non verbal dans lequel l’information est transmise. Lorsque ces deux formes de communication sont en accord, on parle de communication cohérente.
Prenons par exemple une scène où Cruchot tente de convaincre Josépha de l’importance de son travail. Sur le plan du contenu, il parle de ses responsabilités, de son dévouement au service public, et de la nécessité de maintenir l’ordre. Mais sur le plan relationnel, ses expressions faciales, son ton de voix, et son langage corporel transmettent un message supplémentaire – celui de son désir d’être compris, respecté et soutenu par Josépha.
C’est ce deuxième niveau, celui de la relation, qui donne le véritable sens à leur communication. Josépha peut accepter le contenu du discours de Cruchot sur son travail, mais elle réagit véritablement à son besoin sous-jacent d’affection et de soutien
5. Réciprocité
Cet axiome traite de la dynamique de l’interaction, distinguant les relations symétriques (basées sur l’égalité) des relations complémentaires (où un interlocuteur est en position dominante). Cruchot, suite à une erreur administrative, devient temporairement le supérieur de Gerber. Cette situation crée une relation complémentaire, où Cruchot abuse de sa nouvelle position dominante. Quand l’erreur est rectifiée, leur relation revient à l’équilibre initial, de où la servilité de Cruchot contraste avec ses atttudes précédentes, démontrant l’importance de la réciprocité dans la communication.
Les axiomes de communication de l’école de Palo Alto nous offrent une perspective fascinante sur la manière dont nous communiquons. Ils nous aident à mieux comprendre comment les individus interagissent, comment ils sont influencés par la présence réelle ou imaginaire des autres, et comment ils peuvent utiliser l’information pour naviguer dans leurs interactions sociales.
La théorie implicite de la personnalité (TIP) de Bruner et Tagiuri (1954) nous offre un autre outil pour comprendre comment nous percevons les autres et comment ces perceptions influencent nos interactions. Selon cette théorie, nous nous fions à des indices implicites tels que les expressions faciales et le ton de voix pour évaluer la personnalité des autres. Ces indices peuvent avoir plus de poids que les mots eux-mêmes.
la psychologie sociale, les axiomes de communication de l’école de Palo Alto et la théorie implicite de la personnalité nous fournissent les outils pour comprendre la complexité et la beauté de la communication humaine. Alors, la prochaine fois que vous engagerez une conversation, souvenez-vous : chaque mot, chaque geste, chaque silence fait partie intégrante de cette danse complexe que nous appelons communication.