Il y a ce moment précis dans la journée : votre patron pousse la porte, sourire en coin, et vous demande pour la troisième fois si le rapport est “vraiment finalisé cette fois”. Vous ressentez une bouffée de chaleur, une montée de tension… et une irrépressible envie de hurler.
Et si ce n’était pas uniquement à cause de lui ?
Le monde du travail est un terrain de projection idéal. Nous y croisons des figures d’autorité, des collègues brillants ou envahissants, des systèmes rigides qui réveillent en nous des souvenirs, des blessures, des élans réprimés.
C’est dans cette jungle émotionnelle que se cache une ressource méconnue que Jung appelle la projection. Ce mécanisme psychique, aussi fréquent qu’inconscient, peut nous emprisonner dans des jugements… ou nous offrir un tremplin vers une meilleure compréhension de nous-mêmes.
Aujourd’hui, sur ce blog pensé pour ceux qui évoluent à Paris 13 ou Paris 7 — en entreprise, en couple, ou dans les méandres de la parentalité — nous explorons le retrait des projections : un levier puissant pour comprendre pourquoi votre patron vous irrite tant… et pourquoi cela ne parle peut-être pas que de lui
Entre « Le Dîner de Cons » et la thérapie des schémas
Prenez François Pignon, l’emblématique personnage du Dîner de cons : ce “con” si caricatural n’est, en réalité, que le miroir des failles narcissiques de ceux qui le jugent. Le rire que provoque cette comédie cache une dynamique profonde : nous rions… d’un bout de nous-mêmes.
En thérapie des schémas, ce mécanisme est bien connu. Le schéma de carence affective, par exemple, conduit à projeter sur autrui le rôle de “celui qui ne m’aime pas assez”. Le partenaire, le patron ou même l’ami devient le défaillant affectif idéal, avant d’être accusé de tous les torts.
Dans les deux cas — cinéma ou cabinet — le point commun est clair :
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Une image intérieure douloureuse (non aimée, non reconnue) est projetée à l’extérieur.
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Le travail consiste alors à reprendre possession de cette image et à la transformer.
👉 C’est ce que JUNG appelle : le retrait des projections.
Une pédagogie du recul intérieur
Le retrait des projections n’est pas une technique. C’est un exercice de lucidité. Il repose sur une série d’étapes progressives, que tout individu — salarié, manager ou parent — peut s’approprier :
1. Identifier les réactions disproportionnées
Dès qu’une émotion vous dépasse (colère, rejet, irritation persistante), demandez-vous :
« Est-ce que cela parle vraiment de l’autre ? Ou de moi ? »
2. Revenir à soi : l’ombre noire et l’ombre blanche
Selon Jung, nous projetons :
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Une ombre noire (colère, jalousie, besoin de contrôle)
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Ou une ombre blanche (talent refoulé, sens de la justice, besoin d’estime)
Jean-Paul vous agace ? Peut-être incarne-t-il un désir d’affirmation que vous vous interdisez.
3. Intégrer l’émotion
Plutôt que fuir l’émotion, on l’accueille : elle devient une boussole intérieure.
4. Réduire les projections : un gain d’autonomie
À mesure que nous comprenons nos dynamiques internes, la dépendance émotionnelle diminue. On devient moins réactif, plus serein, plus libre.
Et si vos conflits étaient vos maîtres ?
Chaque tension relationnelle cache un miroir. Le monde professionnel, souvent saturé de projections, devient alors un terrain d’entraînement psychique. Moins de conflits inutiles, plus de conscience.
Et si la prochaine fois que vous détestez quelqu’un, vous vous demandiez non pas « pourquoi il m’agace ? » mais « qu’est-ce qu’il active en moi ? » ?
#FAQ
Qu’est-ce que le mécanisme de projection en psychologie ?
La projection est un processus psychique inconscient par lequel nous attribuons à autrui des émotions, des traits ou des blessures qui nous appartiennent. Jung la décrit comme un transfert d’éléments intérieurs non reconnus vers l’extérieur, souvent sur des figures d’autorité ou des proches.
Pourquoi mon patron m’irrite-t-il autant ?
Souvent, ce n’est pas uniquement son comportement qui provoque la réaction. Il peut activer des schémas internes anciens (carence affective, rejet, dévalorisation), qui amplifient l’émotion. Ce mécanisme est le reflet d’une projection psychique inconsciente.
Comment savoir si je projette quelque chose sur quelqu’un ?
Posez-vous la question : “Ma réaction est-elle disproportionnée ?” Si oui, il est probable que la situation actuelle réveille une mémoire émotionnelle plus ancienne. L’indice principal est une intensité émotionnelle difficile à réguler.
Quelle est la différence entre ombre noire et ombre blanche ?
L’ombre noire désigne les traits que nous rejetons en nous (jalousie, agressivité, contrôle). L’ombre blanche, au contraire, concerne des qualités refoulées ou niées (empathie, charisme, ambition). Nous les projetons toutes deux sur les autres, en bien ou en mal.
Quel est le lien entre projection et thérapie des schémas ?
La thérapie des schémas identifie les blessures d’enfance profondes qui conditionnent nos réactions. Ces schémas, comme celui de carence affective, nous poussent à projeter des rôles sur les autres (ex. : “il ne m’aime pas assez”), créant frustration et conflit.
En quoi le retrait des projections est-il un outil de développement personnel ?
Il permet de reprendre possession de son pouvoir émotionnel. En identifiant nos projections, nous transformons nos relations, devenons plus autonomes, et cessons d’être prisonniers de nos propres jugements.
Le retrait des projections est-il applicable dans le milieu professionnel ?
Absolument. Le monde du travail est un théâtre de projections massives : collègues, patrons, équipes. Apprendre à les reconnaître évite les conflits inutiles, renforce le leadership, et améliore les dynamiques de coopération.
Comment pratiquer concrètement le retrait des projections ?
En quatre étapes simples : identifier les réactions fortes, revenir à soi, accueillir l’émotion, et intégrer l’information. Ce processus nécessite honnêteté et régularité, mais il transforme profondément les relations humaines.
Est-ce une méthode de thérapie ou un outil de coaching ?
C’est une posture de conscience. Elle peut être utilisée en psychothérapie, en coaching professionnel, en accompagnement parental, ou dans un cadre de développement personnel. C’est un exercice de lucidité émotionnelle.
Pourquoi dit-on que “nos conflits sont nos maîtres” ?
Parce que chaque tension, chaque agacement, révèle un pan inconscient de nous-mêmes. En les écoutant, plutôt qu’en les fuyant, nous grandissons. Ce que nous reprochons aux autres est souvent une part de nous en demande de reconnaissance.