La communication managériale est-elle une information ou une discussion ?
La communication dirigeant par mail semble simple en apparence. Pourtant, un dirigeant me confiait récemment, avec ce demi-sourire épuisé qui suit trois comités stratégiques d’affilée : « J’ai perdu plus d’énergie à gérer un fil d’emails qu’à gérer mon comité de direction. » La scène est fréquente : un message expédié trop vite devient un mini-film mal monté où chacun projette son propre scénario. Et, lorsque la présence du leader disparaît derrière l’écrit, les intentions se brouillent. En tant que psychologue à Paris 13 accompagnant des dirigeants en transition, j’observe chaque semaine comment la surcharge émotionnelle rend ces malentendus presque inévitables.
Un dirigeant me confiait un jour, avec ce demi-sourire fatigué qu’on retrouve après trois comités stratégiques d’affilée
« J’ai perdu plus d’énergie à gérer un fil d’emails qu’à gérer mon comité de direction. »
Il n’exagérait pas. Je vous donne tout de suite la conclusion si vous êtes pressé : Le mail est un moyen d’information, pas de communication ! (comment interprétez vous le point d’exclamation ?)
Dans l’agitation quotidienne, un message envoyé trop vite devient un mini-film mal monté : chacun y projette son propre scénario, ses enjeux, ses peurs. Le lundi matin, « OK, on revoit tout » peut résonner comme un simple pivot opérationnel pour vous… mais comme un coup de semonce pour l’équipe. Et, détail familier pour tout dirigeant, la fameuse mise en copie de la direction transforme parfois un simple échange en duel à huis clos.
Cette situation, banale et pourtant corrosive, met au centre une question essentielle : que se passe-t-il quand la voix, la présence, la nuance du leader disparaissent derrière un écran ?
En tant que psychologue à Paris 13, habitué à accompagner des dirigeants en période de transition, j’observe combien ces micro-dérapages numériques révèlent souvent une fatigue décisionnelle, une surcharge émotionnelle ou un récit intérieur devenu trop serré.
Pourquoi les mails deviennent-ils des pièges narratifs pour les dirigeants ?
Les dirigeants portent un poids invisible : ils ne transmettent jamais seulement des mots, mais une direction, une ambiance, une attente implicite. Le message est souvent rédigé avec logique… mais reçu avec tension.
Cette discordance rappelle les films de Sautet où un simple dîner entre proches devient une succession de malentendus, chacun persuadé de comprendre l’autre alors qu’il n’entend que sa propre projection.
Données scientifiques : pourquoi l’écrit perturbe la compréhension
Le mail, en entreprise, s’est imposé comme outil de communication rapide. Mais cette rapidité a un coût psychologique.
Il reprend le code du courrier papier, mais suscite les attentes du dialogue oral. Entre les deux, un vide : aucun non-verbal, aucune modulation, aucune calibration. Cette absence de feedback immédiat crée ce que l’on pourrait appeler une forme de solitude communicationnelle, où chacun imagine ce que l’autre veut dire sans jamais entendre sa voix.
Shannon & Weaver (1949) l’avaient déjà montré avec leur modèle technique : entre l’émetteur et le récepteur, un message transite toujours au travers d’un “bruit” qui altère sa réception.
Ce bruit est maximal dans les communications écrites.
Kruger et al. (2005) soulignent un point encore plus central pour les dirigeants : l’être humain surestime massivement sa capacité à transmettre un état d’esprit par écrit et sous-estime tout autant sa difficulté à se décentrer de son propre point de vue pour viser celui du destinataire.
Le sarcasme, l’humour, l’implicite sont particulièrement à risque.
Le mail, grâce à l’asynchronie, permet certes de relire et calibrer le message. Mais cette même distance augmente le danger d’ignorer le gap émetteur-récepteur, ce décalage entre ce que vous pensez dire… et ce que les autres croient lire.
1. L’intention du dirigeant se dissout dans l’écrit
Le mail retire la texture humaine : le souffle, la modulation, l’hésitation constructive, le regard qui apaise.
Il ne reste qu’un texte nu, qui devient l’écran sur lequel chacun projette son état émotionnel du moment.
Pour un dirigeant en transition — nouveau poste, restructuration, transformation — cette dissociation entre l’intention et la réception s’accentue encore. Je le constate régulièrement comme psychologue à Paris 11 : plus le contexte se charge symboliquement, plus le mail devient un révélateur de tensions invisibles.
2. La logique du dirigeant n’est pas celle de l’équipe
Le collaborateur lit le mail selon son propre monde intérieur : sentiment de reconnaissance, peur de décevoir, fatigue, interprétations anticipées.
La “grammaire émotionnelle” diverge, et le message se transforme.
3. L’outil favorise les malentendus
Le mail encourage :
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les réponses réflexes,
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la justification immédiate,
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la défense implicite,
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la copie stratégique,
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l’escalade lente et silencieuse.
C’est un espace où l’intention se perd facilement, faute de scène, faute de présence.
Réécrire sa communication comme un scénario clair : une pratique thérapeutique pour dirigeants
La communication écrite ne relève pas que d’une compétence managériale. Elle reflète la manière dont un dirigeant habite son rôle, se vit, se raconte.
Travailler cette zone touche au récit intérieur du leader.
Remettre la clarté au centre
Une règle s’impose avec efficacité :
commencer par la décision, sans détour.
Cette sobriété évite les sur-interprétations, comme un plan fixe de Truffaut qui dit l’essentiel sans saturer le cadre.
Restaurer la présence là où l’écrit échoue
Lorsque l’émotion monte ou que l’enjeu devient symbolique, l’écrit devient un piège.
Dans ces moments, la solution est simple :
on arrête d’écrire, on parle.
Cette porte de sortie n’est pas technique. Elle est psychologique : elle redonne au dirigeant sa fonction première, celle d’incarner.
Tracer plutôt que négocier sans fin
La conversation donne la compréhension.
Le mail fixe la trace.
Il clarifie ce qui a été échangé, rien de plus.
Pour les dirigeants en transition : ce que révèle vraiment un mail de trop
Quand un dirigeant s’épuise dans les échanges écrits, il ne traverse pas un problème “d’emails”.
Il traverse :
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une surcharge mentale,
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une difficulté à déléguer la responsabilité finale,
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une tension interne non nommée,
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un récit intérieur trop étroit.
Dans ces contextes, la thérapie ne vise pas à “apprendre à écrire”, mais à retrouver un espace psychique capable de contenir la complexité émotionnelle du rôle.
Comme psychologue à Paris 13, j’accompagne régulièrement des dirigeants qui découvrent que la communication s’apaise dès lors que leur scène intérieure retrouve de la place.
Moins d’urgence, plus de discernement.
Moins d’écrit, plus de voix.
Explorer la dimension humaine du leadership
Une narration plus juste de soi
La communication écrite devient alors un reflet : la clarté extérieure révèle la clarté intérieure.
Et inversement.
Une communication moins défensive
Un dirigeant qui se comprend mieux se défend moins.
Un dirigeant qui se défend moins écrit différemment.
La transformation se joue d’abord à l’intérieur.
Quand la clarté managériale retrouve la voix
Avant de cliquer sur “Envoyer”, une question suffit :
ce mail sert-il à clarifier, ou à évacuer une tension intérieure ?
Si c’est pour clarifier : écrivez.
Si c’est pour apaiser : parlez.
Le mail est un moyen d’information pas de communication !
Les dirigeants que j’accompagne, en tant que psychologue à Paris 11 comme dans mon cabinet de psychologue à Paris 13 , découvrent que la communication n’est pas un outil, mais un miroir.
Et que lorsque la voix retrouve sa place, le leadership retrouve sa cohérence.
Vous trouverez sur le site des ressources et des modalités d’accompagnement pour approfondir cette exploration.
Relire son fonctionnement, c’est déjà transformer sa manière de diriger
#FAQ
Pourquoi un simple mail peut-il déclencher autant de tensions dans une équipe dirigeante ?
Parce que l’écrit supprime le non-verbal, la modulation et la présence. Le message devient un support d’interprétation. Chacun y dépose sa propre lecture émotionnelle, surtout en contexte de pression ou d’incertitude.
Pourquoi les dirigeants sont-ils particulièrement exposés aux malentendus numériques ?
Leur parole engage symboliquement l’organisation. Un message bref peut être lu comme un arbitrage, une sanction ou une urgence, même lorsqu’il exprime une simple information.
Que montre la recherche sur les limites du mail en management ?
Les travaux de Shannon & Weaver et ceux de Kruger et al. révèlent une constante : l’être humain surestime sa capacité à transmettre son intention par écrit. Le mail est efficace pour informer, mais fragile pour représenter un état d’esprit.
Pourquoi l’humour passe-t-il si mal par écrit ?
Sans indices paralinguistiques (intonation, regard, respiration), l’humour bascule vite du léger au menaçant. Le destinataire projette son état interne plus qu’il ne saisit la nuance souhaitée.
Comment savoir si un mail risque de “déraper” ?
Dès que l’émotion monte, que l’enjeu devient symbolique ou que plusieurs interprétations sont possibles, l’écrit devient risqué. Ce sont des moments où la voix doit reprendre la main.
Pourquoi parler plutôt qu’écrire apaise les tensions managériales ?
La parole réintroduit la présence, la nuance, la capacité d’ajuster en direct. Elle rétablit la relation là où le mail entretient l’ambiguïté et prolonge l’escalade silencieuse.
En quoi la communication écrite d’un dirigeant reflète-t-elle son état intérieur ?
Un message trop rapide ou trop défensif révèle souvent une surcharge mentale ou une tension non reconnue. Le style d’écriture devient un miroir du fonctionnement psychique du dirigeant.
Comment un travail thérapeutique peut-il améliorer la communication managériale ?
La thérapie aide à comprendre les mécanismes internes qui modulent la réaction, la projection et la manière d’occuper le rôle. Une fois ces zones clarifiées, les mails cessent d’être impulsifs ou défensifs.
Pourquoi les périodes de transition renforcent-elles les malentendus numériques ?
Elles modifient les repères symboliques : identité, statut, attentes, légitimité. L’écrit amplifie alors les incertitudes déjà présentes dans le système, rendant chaque message potentiellement interprétable.
Comment un dirigeant peut-il retrouver une communication claire et cohérente ?
En distinguant strictement l’information (pour le mail) et la relation (pour la voix). En ralentissant. En vérifiant l’intention réelle avant d’écrire. Et, plus largement, en se donnant un espace psychologique pour respirer dans son rôle.


