Le langage est l’un des outils les plus puissants que nous possédons en tant qu’êtres humains. Il nous permet de partager nos pensées, nos sentiments et nos idées, de construire des sociétés et de forger des relations. Tout au long de notre vie, nous interagissons avec d’autres personnes, et le langage joue un rôle capital dans ces interactions. Comme le souligne Moscovici (1984), « la psychologie sociale est la science des phénomènes de l’idéologie […] et des phénomènes de communication ». Mais comment se produit cette communication? Quels sont les éléments essentiels de notre langage qui facilitent cette interaction sociale ? Dans cet article, nous explorerons ces questions à travers le modèle linguistique de Jakobson, tout en illustrant nos points avec des exemples du monde de Spiderman. Par exemple, en utilisant la marque de gateau « Butterfinger », qui signifie littéralement « doigts de beurre », le Docteur Octopus ironise sur le lacher de la dame car il du mal à garder une prise ferme. C’est drôle parce que c’est inattendu dans une situation de combat intense

Modèles de Communication : De Shannon et Weaver à Jakobson

Le premier modèle de communication, proposé par Shannon et Weaver (1949), met l’accent sur la transmission technique et unilatérale de l’information entre l’émetteur et le récepteur à travers un référent. Ce modèle fut amélioré par l’approche cybernétique de Wiener qui introduisit la notion de feedback, ouvrant la porte à une application de ce système aux communications interpersonnelles. Cependant, cette approche ne tient pas compte de la spécificité du langage et de ses différentes fonctions.

C’est là qu’intervient le modèle linguistique de Jakobson. Jakobson propose que le langage est un système de signes socialisés et conventionnels qui permet aux individus de symboliser, de représenter le réel et d’en extraire une signification. Pour lui, la communication humaine implique généralement une ou deux des six fonctions suivantes :

1. Fonction expressive (émotive) : traduit l’attitude de l’émetteur par rapport à ce qui est dit. Elle peut se manifester par l’organisation du discours, le choix des mots, les intonations, etc.
2. Fonction phatique : sert à établir, à prolonger, à vérifier ou à interrompre la communication.
3. Fonction conative : a pour objectif d’induire un comportement de la part du récepteur.
4. Fonction poétique : concerne plus la forme du message que son contenu.
5. Fonction référentielle : se rapporte à la transmission d’informations et à leur contextualisation pour communiquer.
6. Fonction métalinguistique : sert à demander ou à fournir une interprétation du système de code utilisé pour s’assurer de la compréhension du message.

Les Fonctions Linguistiques de Jakobson et Spiderman

1. Fonction expressive (émotive) : Quand Peter Parker (Spiderman) découvre que l’assassin de son oncle Ben est le criminel qu’il a laissé s’échapper précédemment, il dit avec une voix pleine de regret et de tristesse : « C’est de ma faute… J’aurais pu l’arrêter, mais je ne l’ai pas fait… ». Sa tonalité, son choix de mots et son expression faciale traduisent clairement son remords et son auto-reproche.
2. Fonction phatique : Lorsque Spiderman communique avec ses alliés via son talkie-walkie, il pourrait dire : « Êtes-vous là, Ned ? » avant de transmettre un message important. Cette vérification initiale sert à établir que la communication est possible et que le canal est ouvert.
3. Fonction conative : Lors d’une confrontation avec le méchant, Spiderman pourrait dire : « Lâche ces otages, Goblin ! ». Ici, Spiderman cherche à induire un comportement spécifique de la part du Bouffon Vert – libérer les otages.
4. Fonction poétique : Spiderman est connu pour son humour et ses blagues même dans les situations les plus tendues. Par exemple, lorsqu’il se bat contre le Docteur Octopus, il pourrait dire : « trop de bras .. trop de chocolat! » Le jeu de mots et la manière dont la phrase est structurée sont plus importants ici que le contenu de l’information véhiculée.
5. Fonction référentielle : Quand Spiderman dit : « Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités », il transmet une information importante, une philosophie de vie qui le guide dans ses actions.
6. Fonction métalinguistique : Dans le film Spiderman: Homecoming, Ned, l’ami de Peter, découvre son secret et lui demande : « Est-ce que tu es Spiderman ? ». Par cette question, Ned demande une clarification du code (le secret de Peter) afin d’assurer la compréhension du message (l’identité secrète de Peter).

Le modèle linguistique de Jakobson nous offre une fenêtre fascinante sur la complexité du langage et de la communication. Il souligne que la communication est beaucoup plus qu’une simple transmission d’information ; elle est un processus complexe qui implique une multitude de fonctions différentes. En utilisant le monde de Spiderman comme illustration, nous pouvons voir comment ces fonctions linguistiques se manifestent dans nos propres vies. C’est par l’intermédiaire de ces fonctions que nous sommes capables de partager nos pensées, nos sentiments et nos idées, de comprendre les autres et de naviguer dans le monde social complexe qui nous entoure. Alors la prochaine fois que vous regarderez Spiderman, faites attention à la façon dont le langage est utilisé. Vous pourriez être surpris par ce que vous découvrez.